DES ORIGINES FORT ANCIENNES
Appelé à l’origine Château Terrefort, nom de l’ancien domaine seigneurial sur lequel il est édifié, Château Dillon a probablement été bâti au début du 17ième siècle, à l’emplacement d’une maison noble datant du Moyen Age. Le plus ancien propriétaire connu est Henri de Laussade dont la veuve achète des vignes à un laboureur en 1596. Il s’agissait probablement de vignes de cépages blancs, les plus répandues à l’époque en Médoc.
Divers propriétaires vont se succéder jusqu’en 1754 …
UN NOM VENU D’IRLANDE
Le 29 juillet 1754, le domaine devient la propriété de Robert Dillon. Ce dernier vient à Bordeaux en 1753 prendre en charge les affaires, dont l’essentiel se trouvait lié à la ville de Bordeaux, de son frère décédé . Il s’y plait et s’y installe avec son épouse et leurs enfants. Sa réussite dans la banque lui permet de se rendre acquéreur à la fois d’une maison en ville et d’une propriété à la campagne, le Château de Terrefort. Décidé à rester en terre bordelaise, Robert Dillon se fait, un mois avant l’achat, reconnaître sujet français par le roi Louis XV. Il meurt subitement en 1764 et la propriété est en partie confisquée par l’état en 1792. L’un des fils de Robert Dillon réussit à reconstituer le domaine en rachetant les parcelles confisquées jusqu’en 1806.
A nouveau, la propriété va passer de main en main jusqu’en 1829 …
DE LA NOUVELLE-ORLEANS À BLANQUEFORT
Le 13 octobre 1829 François Seignouret en est le nouveau propriétaire. Bordelais d’origine, il bâtit sa fortune en Louisiane en créant du mobilier adapté aux besoins des grandes demeures de la Louisiane. Soucieux de garder des contacts avec son pays d’origine, il revient souvent à Bordeaux et se lance dans de nombreuses opérations immobilières qui le conduisent au domaine de Terrefort. En 1830 il fonde une firme d’exportation de vins et transforme ses ateliers d’ébénisterie de la Nouvelle-Orléans en chais. Il crée la marque Château Dillon, choix très judicieux pour un commerce outre-atlantique, puisque les Dillon ont participé à la guerre d’Indépendance des Etats-Unis. Il commande en 1840 la construction des chais avec leurs trois pignons médocains traditionnels. Ils furent reconstruits à la suite d’un incendie, plus grands qu’à l’origine (ces chais sont aujourd’hui des salles de réception).
François Seignouret ne manque pas de faire profiter son vignoble des nouvelles méthodes de culture mises en pratique au milieu du 19ième siècle : plantation en rangs permettant le labourage avec les bœufs, sélection des plants, nouveaux mode de taille …
Il meurt à Bordeaux en 1852 mais sa veuve s’attache à prolonger l’action entreprise et la modeste propriété viticole de 7 ha achetée en 1829 devient en 1890 un domaine de 125 ha dont 52 réservés au vignoble.
Dillon reste entre les mains de la famille Seignouret par l’intermédiaire de deux descendantes successives dont Marie-Thérèse Filippini, l’arrière-petite-fille, qui en hérite en 1937. Veuve du Vicomte d’Arlot de Saint-Saud, elle vend la propriété au Ministère de l’Agriculture en 1956 alors que les terres sont louées depuis 1923 à l’École d’Agriculture, de Viticulture et d’Horticulture de Blanquefort.
Source : G.A.H.BLE – 1998
Bourgeois et fier de l’être !
Si Dillon n’a pas été retenu lors de la célèbre classification établie en 1855 à l’occasion de l’Exposition Universelle de Paris, c’est parce que le domaine était en pleine rénovation. De plus, il ne participait pas encore au négoce bordelais, les Seignouret l’expédiant eux-mêmes aux États-Unis. Il a donc été classé Cru Bourgeois dès 1932, date du premier classement réservé aux vins du Médoc. Depuis 2020, Château Dillon est classé Cru Bourgeois Supérieur pour une durée de 5ans, pour les millésimes 2017 à 2022.
Être distingué de la mention complémentaire Supérieure, montre qu’en plus de l’exigence de qualité requise pour être Cru Bourgeois nous allons au-delà des standards dans nos pratiques quotidiennes.
DE L’ÉCOLE D’AGRICULTURE AU LYCÉE AGRICOLE
L’établissement d’enseignement agricole et viticole est né de la volonté d’un riche propriétaire de la commune, Édouard-Marie Avril. N’ayant aucun héritier direct, il décide dans son testament établi en 1888, de faire don du Domaine de Béchon à la collectivité locale afin d’y fonder une École d’Agriculture et d’Horticulture. La commune de Blanquefort entre en possession du domaine en 1896. Cependant, faute de moyens elle en fait donation à l’État en 1917 et c’est en 1923, à l’occasion de son ouverture officielle que l’établissement reçoit son statut d’École d’Agriculture, de Viticulture et d’Horticulture de Blanquefort. La surface d’exploitation ne devant pas être suffisante à tous les besoins de l’école, le directeur loue en 1923 les terres voisines de Château Dillon. L’École d’Agriculture entre en possession du domaine de Dillon en 1956, au nom de l’État propriétaire. L’établissement devient École Régionale d’Agriculture en 1955 puis Lycée Agricole de Bordeaux-Blanquefort en 1963.
En 2010, Les Lycées Viticoles de Blanquefort et de Libourne, L’École de Viticulture et d’Œnologie de La Tour Blanche fusionnent pour former l’EPLEFPA Bordeaux-Gironde.